Radio Grandpapier

Septembre 2025 : redémarrage en force

La rentrée n’a ménagé personne autour des micros, l’actualité internationale est dingo, personne ne peut nous reprocher une certaine forme d’impréparation, mais nous sommes heureux de nous retrouver pour quelques chroniques et un agenda copieux. Elle se terminera avec un hommage au jeune auteur Gwenaël Manac’h récemment fauché avec toute sa gentillesse et ses promesses.

Les chroniques

Romane propose Rouge signal de Laurie Agusti chez 2042
Stéphane présente Odyssée de merde de Antoine Bréda chez Six pieds sous terre
Antoine présente The threshold de Jhansue Margulis

La Guilde Griet qu’est-ce que c’est ?

(présentation par Romane)
C’est une sorte de corporation, pas un syndicat, il y a déjà ABDIL pour ça mais plutôt
un rassemblement d’autrices et de dessinatrices de bande dessinée en mixité choisie.
Ce regroupement s’est créé il y a déjà 5 ans.
La Guilde de Griet réunit des autrices et dessinatrices de bandes dessinées ainsi que des illustratrices de presse et de jeunesse pour un moment d’échange convivial sous forme d’apéro ou de brunch mensuel.
Les parcours différents et les diversités des unes et des autres sont apparentes dans leurs productions ;
La guilde offre aux autrices et dessinatrices la possibilité de parler entre elles de leurs projets en cours et de leurs expériences professionnelles dans une ambiance détendue, tout en élargissant leurs réseaux.
L’objectif de ses rendez-vous est de réfléchir ensemble aux problèmes et aux solutions, et mutualiser les ressources ! Ensemble, elles abordent un thème par réunion : la rémunération, la relation à la parentalité, le statut d’artiste, comment imprimer son travail, comment faire un contrat... Ces échanges constituent une véritable boite à outils pour les artistes.
Si vous êtes professionnel·les et femme ou issus d’une minorités de genre - de la BD et de l’illustration, n’hésitez pas à suivre les rendez-vous communiqué sur les réseaux sociaux.

Construire un matrimoine de la bande dessinée

"Créations, mobilisations et transmissions des femmes dans le neuvième art, en Europe et en Amérique."
(présentation par Romane)
il y a un an, Marys Renné Hertiman et Camille de Singly publiait le livre Construire un matrimoine de la bande dessinée aux presses du réel. Ce week-end durant le festival Formula Bula à Paris et plus précisément ce dimanche 28 septembre à 15h, une table ronde rassemblera : journaliste, autrice, traductrice et aborderont la question du matrimoine dans la bande dessinée. Comment restituer aux créatrices de BD la place qui leur revient ? Comment repenser l’histoire du neuvième art en s’attachant à des trajectoires, des sujets et des œuvres silenciées ?

Extrait de l’introduction du livre
Les femmes sont de plus en plus visibles dans le champ de la bande dessinée, en France et à l’international, mais la parité dans ce secteur n’est pas encore acquise. La sous-représentation de cette population est l’un des principaux arguments venant justifier la construction d’une histoire érigée uniquement sous le canon masculin de la BD et de son patrimoine. Preuve en est la difficulté de donner un nom d’autrice antérieure à Claire Bretécher (1940-2020), alors que chez les auteurs, Walt Disney, Hergé, George Herriman, Winsor McCay, Rodolphe Töpffer, etc., sont des noms qui surgissent sans trop de peine. Or, on retrouve des traces de la production bédéiste des femmes ayant investi ce champ depuis le xixe siècle ; ces autrices existaient donc, elles ont « seulement » été oubliées, invisibilisées. Leur faire place est donc essentiel pour saisir plus largement ce qui a été en jeu dans ce secteur, et dessiner la complexité de la mémoire de la bande dessinée.
Le canon et l’histoire de la bande dessinée ont été construits exclusivement à partir de l’héritage laissé par les hommes bédéastes (notamment les dessinateurs). Sans diminuer leur rôle, cette prise en considération de ce que constitue partiellement le neuvième art rend compte d’un positionnement partial. La méconnaissance de l’apport des créatrices de bandes dessinées n’apparaît pas ex nihilo. Elle part d’un déni de reconnaissance que ces femmes subissent et dont les mécanismes d’opération sont la discrimination, l’invisibilisation et l’exclusion. Ce déni de reconnaissance ne génère pas uniquement des conséquences symboliques, mais aussi d’autres matérielles et effectives, opérantes encore aujourd’hui : traitement différentiel inique, violences sexistes et sexuelles, grande précarisation.
Pour saisir la richesse et la complexité du neuvième art, il est nécessaire de s’intéresser aux lacunes, aux zones d’ombre et aux questionnements négligés par cette mémoire. Et cette saisie ne peut donc pas se faire sans l’ensemble de ces femmes qui créent des bandes dessinées : les dessinatrices, les scénaristes, les coloristes et les éditrices. Malheureusement, elles sont rarement présentes dans les ouvrages spécialisés.

Entretien entre Jessica Kohn et Camille de Singly
Précisons qu’il n’y a pas eu d’homme cachés derrière des barricade qui ont empêché les femmes d’avancer !
C’est plus discret, comme souvent avec ces processus d’invisibilisation : la société agit pour invisibiliser une partie des personnes. Ce que j’ai découvert en menant mes recherches, c’est qu’il y avait effectivement des femmes autrices de bandes dessinées, mais qu’elles n’avaient pas passé le seuil de la patrimonialisation.
(...)
La première raison tient à leur support de publication ; elles publient en majorité dans des illustrés catholiques, qui ont été complètement oubliés par les historiens et les historiennes de la bande dessinée, car ils ne sont pas considérés comme des médias légitimes.
D’autre part, elles ont aussi été oubliées parce que très souvent elles s’adressaient à des petites filles et écrivaient des histoires pour les filles, là où ce qui a été retenu par l’histoire de la bande dessinée, ce sont des histoires écrites par des garçons pour les petits garçons. Et donc elles ont disparu à la fois à cause du médium dans lequel elles publiaient et du type de dessin qu’elles faisaient. À cela s’ajoute une troisième raison, qui est plutôt de l’ordre professionnel. Pendant les années 1960, les dessinateurs de bandes dessinées se définissent de plus en plus comme journalistes, et le fait de se définir ainsi implique une sociabilité qui est très masculine, celle de bureau, de conférence de rédaction. Or, de ces espaces communs, les femmes sont plus facilement évincées.

Voici une tentative de réponse à l’oubli.
Ce livre est une compilation d’un vaste chantier en cours. C’est une première constellation situé géographiquement en France, en Espagne, au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en Argentine, au Mexique, au Brésil et en Belgique. Cet héritage est vaste et complexe et les composantes, contrairement aux idées reçues, se comptent par centaines. Les contributions ont été multiples, cette recherche continue, un livre à découvrir et une affaire à suivre.
Le livre est disponible en ligne si vous aimez lire des pdfs.

Agenda

Le festival Bords perdus revient pour une troisième éditions ces 26, 27 et 28 septembre à la Vallée.
Il y aura 3 expositions, une carte à la Guilde Griet, un espace dédié aux créations du Dernier Cri et une aux membres du Sterput. Des expositions plus que collective donc. Il y aura aussi un salon d’image imprimée et de micro-édition.
Vous pourrez assisté a un moment de discution sur le rapport à la création et à la parentalité avec Mathilde Van Gheluwe et ... modéré par Justine Sow.
En parallèle, c’est le rendez-vous de la rentrée à Bruxelles, le Comics strip festival est de retour à la gare maritime de Tour et Taxis. Vous pourrez faire des aller-retour entre les deux lieux et retrouver les éditeurices indépendants. N’oubliez pas d’aller voir l’exposition Les courriers du coeur de Léa MKL et Pig Paddle Mannimarco.

Exposition à VROOM jusqu’au 5 octobre
Rehearsal dinner une exposition de Momo Gordon et Guillaume Jannes,
Depuis la vague de chaleur mondiale d’août 2022, Gordon et Jannes partagent une vie numérique en marge de leurs réalités respectives. Sur trois ans et un océan, la correspondance des artistes a révélé des échos et des points communs - entrelaçant le cœur même de leurs pratiques.
Amalgamant des motifs auto-fictionnels partagés et des rites de passage théâtraux, cette exposition marque le premier nœud physique de leur collaboration. Rehearsal Dinner met en scène des œuvres sur papier - des dessins comme des portails - aux côtés de gestes rituels et d’interventions sensorielles, évoquant des moments de préparation et de transition : la pause avant une entrée, le souffle avant une gorgée, l’espace négatif tranquille dans lequel deux récits se rencontrent et s’entrelacent.
L’exposition est ouverte les samedis et dimanches entre 13h00 et 18h00 jusqu’au 5 octobre. Et ce 28 septembre il y aura un grand banquet de gâteau et un workshop. L’entrée est libre et se situe au 19 rue Docteur De Meersman à Anderlecht, Bruxelles

11-12 octobre : Focus Gaza au Jacques Franck (St Gilles)
Le Jacques Franck à Saint-Gilles fera un Focus Gaza les 11 et 12 octobre, qui rassemblera des artistes, des associations et des citoyen·nes engagé·es pour des moments de partage artistique mais surtout pour un soutien au peuple palestinien. Se tiendra, entre autres, un double marché solidaire.
Il y aura des concerts et Rebecca Rosen y sera avec des étudiants de l’erg pour sérigraphier de belles images qui seront mise en vente parmi d’autres cools objets.
Tous les fonds récoltés seront intégralement reversés à Médecins Sans Frontières

Le Jacques Franck appel aux dons de biens culturels (en bon état) : livres, BD, disques, DVD, affiches, jeux de société, jeux vidéo, etc.
Cet appel s’adresse à toustes : particulier•ères, artistes, travailleureuses dans le secteur culturel / artistique (éditions, musées, bibliothèques, théâtres, labels, cinémas, centres culturels, disquaires …) !
Concrètement, les dons sont à déposer jusqu’au vendredi 10 octobre à l’accueil du Jacques Franck du mardi au vendredi de 11h à 18h30, les samedis et dimanches de 14h à 18h30.

Lancement de Tous les mêmes de Léa Jarrin, le 16 octobre
Ça se passe à la Bagarre. "Tous les mêmes" est édité chez Même pas mal éditions.

Joanna Lorho dans la librairie Quartier Libre le 18 octobre, rencontre avec l’autrice pour parler de sa bande dessinée A travers la nuit.