Autour des zombies
Le zombie appartient à la culture populaire. Issu des peurs les plus reptiliennes de l’humanité, esquissé par la littérature, il trouve son corps avec le cinéma. On pourrait certainement écrire une thèse sur l’aspect scopique du zombie : le zombie est un corps fait pour être vu, au point qu’on ne peut lui imaginer une intimité. Mais si on exclut le cinéma, la littérature, et la bande dessinée, il faut reconnaitre que la figure du zombie devient difficile à trouver.
Le zombie appartient à la culture populaire. Issu des peurs les plus reptiliennes de l’humanité, esquissé par la littérature, c’est en fait la créature même du cinéma. On pourrait certainement écrire une thèse sur l’aspect scopique du zombie : le zombie est un corps fait pour être vu, au point qu’on ne peut lui imaginer une intimité. Mais si on exclut le cinéma, la littérature, et la bande dessinée, il faut reconnaitre que la figure du zombie devient difficile à trouver.
Le zombie appartient à la culture populaire, issu de la littérature, il a explosé grâce au cinéma. On pourrait certainement écrire une thés sur l’aspect scopique du zombie (le zombie est à voir, il ya quelque chose de la hideur, du repoussant visuellement en lui) mais si on exclut le cinéma, la littérature, et la bande dessinée, il faut reconnaître que la figure du zombie devient difficile à trouver.
Le film de zombie a été associé, l’air de rien, à la critique sociale, surtout sous la houlette de son principal créateur, Romero. Il est une figure des années post-68, la réification de l’homme prisonnier de la société de consommation. Figure de la dépendance, de l’aliénation à un modèle politique qu’on pourrait qualifier de démocratie de masse, dans laquelle le pouvoir devient invisible derrière la société du contrôle.
Selon Schefer le zombie est un être en errance entre deux états. Selon la plupart des analystes, le zombie est un être qui a perdu sa capacité à s’adapter, et qui erre dans ses lieux familiers, incapable de de jouir, que ce soit même du repos. Désormais il ne vit que pour transformer l’autre en lui, zombifier tout ce qui vit, une menace pour les vivants, indifférent au reste.
Le zombie est à opposer à un autre mort-vivant : le vampire, lui aussi issu de la culture populaire et rendu visible par le cinéma. Si le zombie est grégaire, sédentaire, abruti, lent, laid et monomaniaque, le vampire quant à lui est individualiste, séduisant, mobile, volubile et stratège. Il y a une différence de classe très claire. Le vampire est aristocratique, autant que le zombie appartient à la plèbe.
Si le zombie des années 70’ est un individu qui a perdu toute humanité parce qu’acceptant les lois imposées par la société de consommation, et devenu l’esclave actif et sans cervelle d’une entreprise de nivellement, il est temps de remettre en perspective le zombie en 2012. L’aliénation est présente plus que jamais, mais le mot d’ordre de notre époque est précisément l’adaptation permanente et violente pour la survie. La zombification a changé donc de visage, et les outils pour lui résister, probablement aussi.
Cindy Sherman
Cindy Sherman est une figure maintenant de la photographie. Elle débute à la fain des années 70’ à New York mais sera révélée au début 80’ par la série des "Untitled films stills", ces images plagient l’esthétique du photogramme, ces images extraites de film qu’on trouvait alors à l’entrée des cinémas. Les films stil sont de petits autoportraits (20 X 30 cm) dans lesquels Sherman incarne des femmes angoissées, malmenées, seules, menacées dans des décors minimalistes mais typés : couloir d’hôpital, cuisine, terrasse ensoleillée.
"Dans certains [de mes portraits], je vois un moi qui aurait pu exister si j’avais décidé d’être autre chose qu’une artiste : agent immobilier par exemple, si j’avais fait les foutues études que voulait ma mère"
La soumission au codes esthétiques, le plaisir de paraitre ce que l’on attend de nous, jusque dans la hideur et la douleur est le centre du travail de Sherman, et la zombification n’est évidemment pas loin. Dans les séries "Sex Pictures" (1992) et "Horror and Surrealist Pictures" (1996) elle utilise la couleur et des formats plus grands. L’image se charge de prothèses, d’accessoires de farces et attrapes et les couleurs se font criardes. La sensantion du grotesque, le malaise sont affirmé dans la matière même de l’image : matière luisante, saleté, yeux vitreux, corps obscènes et démembrés.
Un site de fan plein d’images : "We love Cindy Sherman"
Les zombies nazis de Jake et Dinos Chapman
Ces deux anglais produisent depuis les années 90’ des sculptures en résine parfois sous forme de maquette, ou dans des corps mutants hyperréalistes autour de thèmes chocs. Sexualité enfantine, camps de concentration, massacres, difformité physique, etc. Une esthétique post-pop (ils ont été assistants de Gilbert et Georges) pleine de références à l’histoire de l’art, à l’Histoire et la culture populaire.
Lors d’une exposition en 2011 à Londres ils ont présenté des travaux récents d’une grande variété : des peintures, des dessins, de petites sculptures parfois misérables (en carton mal peint), et comme pour réhausser le tout, des zombies nazi de taille réelle, disposés comme des visiteurs de leur propre exposition.
Tout à fait à leur aise, ceux-ci se penchent pour mieux observer les oeuvres ou miment des actes sexuels. Si Duchamp prétendait que le regarder fait le tableau, ici le regardeur est aussi une oeuvre d’art. Le tout évoque entre autre l’exposition d’art dégénéré organisée par les nazis en 1937, restée célèbre dans l’histoire comme une mainmise violente du pouvoir politique sur la culture. Le nazi est donc cité comme symbole de l’inacceptable, et dans le même moment comme figure de la culture Z. Monstrueux et ridicules, le mixage nazi/zombie est outrancier (les deux frères vont jusqu’à ajouter un brassard orné d’un smiley) pour donner raison à toutes les critiques et donc s’exiler loin de tout jugement.
Des vues de l’exposition à la galerie "White cube" de Londres
Nihil ex nihilo de Félix Luque, 2010
Nihil ex nihilo est une installation numérique présentée pour la première fois à Bruxelles, au centre Imal en 2010. Un tryptique autour d’une narration, ce qui est plutôt rare en art, et en digital art.
L’histoire est celle d’un ordinateur qui cesse d’être un zombie, et qui découvre avec effarement la condition de ses milliards de condisciples. La pièce centrale, "the dialogue" est constitué de lettres géantes façon "Time square" qui font défiler un dialogue entre l’ordinateur "vivant" et les zombies qui lui envoient des spams. Les messages "entrants" sont lus par une voix synthétique de femme, douce, vantant les mérites de pilules de viagra bon marché ou des suite microsoft à prix cassés. "Pourquoi faites-vous ça ?" réplique la voix triste et polie de l’ordinateur ?
Zomies de Bret Easton Ellis, 1994
On pourra lire Zombies, un livre de Bret Easton Ellis (1994, titre original : The Informers). Comme Easton Ellis campe ses personnages dans le luxe et la séduction, ses zombies seraient plutôt des vampires si le vide de leur vie ne forçait pas à agir. La beauté, la drogue sous toute ses formes et l’absence d’enjeu dans une vie par delà toutes les satisfactions est la vision de l’horreur d’Easton Ellis, une horreur dont il parle pour y avoir plus qu’à son tour goûté. Un film a été tiré du livre, dont le scénario a été co-écrit par l’auteur.
Un peu plus, je vous le met quand même
– Une conférence sur le zombie par olivier Schefer lors d’un séminaire à l’erg.
– Une critique du film Dawn of the Dead (La nuit des morts vivants) de George Romero, sorti en 1978.