Autour de la Suisse
Arts plastiques : Fischli & Weiss
Nés dans les années 40, travaillant ensemble depuis 1979, Peter Fischli et David Weiss commencent par la série des saucisses, un travail quasi dadaïste, des photographies hilarantes de mise en scène avec des saucisses (de la saucisse zwan à la mortadelle, en passant par le chorizo).
“Soudain cette vue d’ensemble” en 1981 (retravaillée en 2006) est une série gigantesque (plusieurs centaines) de petites sculptures en terre glaise, non cuites, représentant des scénettes ou des objets (un pain, un groupe d’immeuble, une tranche d’autoroute)
S’ensuit “Un après midi tranquille”, une série de photographies, parfois abstraites, parfois figuratives (ben hur) fabriquées avec des objets du quotidien, concombres, rapes, papier collant, casseroles, mais aussi pneux, chaises et bouts de tuyaux.
Ce travail débouchera sur le fameux “le cours des choses” en 1987, un film de 26 minutes montrant un enchainement d’action : un sac plastique en tournant fait avancer un pneu, qui renverse un tuyau, etc. sur le modèle d’une machine de Goldberg, ce dessinateur de comics des années 10 20, qui inventait en dessin des machineries compliquées.
Notons qu’ils ont aussi fait des vidéos aussi pouilleuses qu’hilarantes, “la Voie de la moindre résistance” (1980-1981) raconte une enquête policière dans le milieu de l’art par un rat et un panda.
Photographie : Robert Frank
Né en 1924, Robert Frank est un photographe né a Zurich mais parlant plus volontiers le français que l’allemand. Il va marquer la photographie des années 50-60 avec des reportages qui racontent autant son propre spleen que les réalités qu’il rencontre. l’écosse, l’angleterre, le Pérou, puis l’Amérique. En 1958, il est sur la route avec Kerouac, et tirera de cette expérience son livre le plus célèbre “les américains”, passé inaperçu à sa sortie, mais devenu un classique depuis.
Frank est un photographe du temps faible, il va prendre le contrepied de plusieurs aspects de la photographie de reportage : cadrage parfois incertain, appareil penché, flou, bougé, il utilise aussi l’appareil de manière intrusive, photographiant sans permission à bout portant des personnes pas toujours consentantes, parfois très agressives. La photographie qui en résulte est souvent peu descriptive, mais contient une charge émotionnelle, une photographie largement subjective, ce qui est assez troublant de la part d’un medium célébré d’habitude pour son objectivité.
Je citerais volontiers “Thank you”, un de ses derniers livres, un tout petit objet dans lequel il collecte des photos et lettres de personnes reconnaissantes pour son oeuvre et ce qu’elle a pu leur apporter. Frank n’a jamais caché sa difficulté à vivre, et à survivre à la séparation d’avec la mère de ses enfants, et la mort de ceux-ci. Le titre évoque donc tout autant le “merci” que des amateurs de son oeuvre lui offrent, que celui d’un vieil homme isolé au fond du Canada pour ceux qui ne l’ont pas oublié.
Thank you, Robert Frank, Scalo, 1996
http://photonumerique.codedrops.net/spip.php?article33
Animation : Georges Schwizgebel
Georges Schwizgebel compte parmi les réalisateurs incontournables du cinéma d’animation. Depuis les années 70, il a réalisé une vingtaine de courts métrages reconnaissables au premier coup d’oeil. Ces films sont souvent des peintures animés, des couleurs franches et contrastées, des scènes et des motifs qui s’emboîtent et se transforment. On pourrait parfois se croire dans une toile de Giorgo De Chirico ou de Edward Hopper. Les films sont construits en collaboration étroite avec la musique, Schwizgebel ne cache pas son admiration pour des formes d’écritures classiques qui l’inspirent énormément, l’écriture contrapuntique d’un J.S Bachet la forme de la fugue en général. Le réalisateur à la particularité de mêler dans ses films différentes cadences d’animation, 3 images par secondes pour un décor, 8 images par secondes pour une action, voire un fixe, il arrive qu’une scène se désolidarise complètement du fond pour devenir autre chose, créant ainsi cette impression de mouvement perpétuel.
Interview autour de Georges Schwizgebel
Fanzine : Pascal Matthey “We all go down”
Pascal Matthey, auteur d’origine Suisse qui vit à Bruxelles, est un incontournable du paysage du fanzine en Belgique. Membre de la maison d’édition Habeas Corpus, il lance d’abord le mensuel SOAP, 36 numéros, fanzine A5, couverture rose, impression noir et blanc, qui a regroupé jusqu’à une quizaine d’auteurs ( Alain Munoz, G#rom Puigros-Puigener, Bulu, Alexandre de Moté, Carl Roosens, Sacha Goerg....), ainsi qu’un petit fanzine solo “Spouk the dog”.
Plus récemment, Pascal Matthey lance un fanzine obscure et anonyme, à parution irrégulière intitulée “We all go down”. La contrainte donnée à l’auteur invité est de proposer une série de douze pages, les plus sombres possibles. Toujours A5, impression noir et blanc, chaque numéro possède une couverture de couleur différente. Le nom de l’auteur n’est pas spécifié, mais nous apouvons quand même citer les très beaux boulots des premiers participants, la série compte pour l’instant 10 numéros : Pascal lui même, G#rom, Alex de Moté, Sacha Goerg,
Freddy Nadolny, Claude Cadi, ou encore Ilan Manouach...
Noter que l’auteur est aussi présent dans l’expo d’Ilan Manouach au Sismic de Sierre pour son collectif “LIMBO”
http://iwanthabeas.over-blog.org/
http://soap-comics.blogspot.com/
http://www.spoukthedog.com/homepage.html
http://weallgodown.tumblr.com/
Documentaire : HELVETICA
Gary Hustwit 2007 - production Swiss Dots.
Helvetica est un documentaire de Gary Hustwit, une réflexion par des graphistes du monde entier autour d’une des typographie les plus répandues au monde. ( signalisation du métro de NY, mais aussi plein de marques et logos : BASFA, americanairlines, MUJI, panasonic, toyota, BMW...). En tentant de comprendre comment elle est devenue à ce point incontournable, le documentaire amène aussi une réflexion autour du message publicitaire, du message en général, de la multitude d’informations qui nous sont envoyées chaque jours et de la manière dont elles peuvent être incarnées par la typographie, comment elle constitue en soit un message. Il est intéressant de voir alors pourquoi elle ne fait pas toujours l’unanimité.
Cinéma : “L’âme soeur”
Un film de Fredi Murer (1985)