Autour du livre "pour enfant"
Ça n’est pas une sélection, ça n’est pas une liste de Noël de dernière minute, ce ne sont pas des choses pour enfants, ou pas que pour les enfants, ce ne sont pas des choses pour adultes, ou pas que pour les adultes.
Visiter Montreuil et tâcher de dénicher quelque chose qui me fasse bondir le coeur. C’était ça la mission.
Arpenter le quadrillage du salon, contourner les grappes d’enfants, surmonter un mal de crâne grandissant, et lutter contre l’envie de repartir juste avec un Blex Bolex, et un Anouk Ricard parce qu’après tout ça aurait très bien fait l’affaire.
Échapper au clivages des âges, avec des oeuvres que l’on peut regarder enfant ou adulte, s’échanger, et autour desquelles on peut échanger.
Échapper à la didactique, au livre “à thème” (l’arrivée d’un petit frère, la scatologie, ne pas se moquer, gérer sa colère) qui souvent, répètent les clichés habituels des rôles sexués, avec des morales rigides et un point de vue politically correct teinté d’irrévérence.
Au-delà des gros clichés roses à paillettes, il y avait beaucoup de choses différentes, mais souvent timides. Difficile d’apercevoir quelque chose qui ne soit pas familier, autant au niveau du ton qu’au niveau du dessin... de l’objet... Rien ne déborde...
Pourtant, le monde de l’enfant est plein de violence et d’angoisses, autant que de plaisirs carnassiers et de joies premières. La rencontre entre une œuvre et un enfant se fait souvent sur des détails impossibles à expliquer. Tel personnage, immoral et insupportable, ou martyr d’une situation qui échappe à l’enfant, lui parle, et le marque durablement. Tel dessin, sombre et incompréhensible, est comme une porte ouverte sur le monde des adultes et la complexité de ses motivations...
En fait nous n’avons pas de formule. Peut-être fantasmons-nous...
Le chevalier courage de Delphine Chedru aux éditions Helium :
Au delà de sa couverture particulièrement frappante, ce livre "dont vous êtes le héros" est particulièrement bien mené, un univers extrêmement riche en couleurs motifs et ornement, légèrement inquiétant, impossible de deviner le bon chemin, à qui faire confiance... il faut essayer.
Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret - Sybille, Capucine et Jérôme d’Aviau chez Etincelles :
Au delà du dessin qui est riche et juste, rien dans le récit n’est "évident",
dans un univers doux, on trouve des personnages riches et ambigus.
Pas besoin d’attendre d’avoir des enfants pour le lire.
Une belle initiative des éditions Memo : proposer des livres vraiment audacieux dans un format assez humble : broché, 36 pages, petit format
( 8€ ).
La collection Primo, disponibles seulement à partir de janvier.
Dans Filer Droit de Noémi Shipfer, on dirait que le récit tient en une ligne, mais il n’y a pas meilleure façon de le rendre qu’en image comme elle l’a fait, on reste dans du noir et blanc, on pense à de vieilles gravures tellement le traitement est fin, mais pourtant c’est beaucoup plus simple que ça. Extrêmement efficace.
Dans la même série, Le voyage de Gus de Benoît Bonnemaison-Fitte est en peinture, c’est très beau, ça marcherait en 3 mètres par 4, ça marche quand ça tient dans la main...
Frank de Jim Woodring
Little People - The street art of Slinkachu
On reste dans le muet ( enfin, après une préface de Will Self quand même ... ), avec cette série de photo issue d’interventions en ville par l’artiste Slinkachu.
On sort totalement du livre pour aller rêver du côté de Windosill, un site pour errer un moment dans un univers étrange et assez peu familier. ( un coup de pouce, le but, c’est de mettre un cube au dessus de la porte pour qu’elle s’ouvre )
Ou plus facile : Fly Guy,
Plus contemplatif : Flipflopflying
...
A propos de cette Rubrique nous nous sommes aussi repenchés sur
Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim ( 1976 ).
A cette occasion, si vous voulez relire quelques contes des frères Grimm :
grimmstories.com
( en livre c’est mieux...)