L’architecture et le sens du lieu
L’art moderne a pour contexte la globalisation naissante. Aux avant gardes de ce mouvement, les artistes voyages, se positionnent par rapport à leur pair, créent un musée virtuel dans lequel temps et espace sont compressibles.
Mais l’art se nourrit de spécificité, pas de généralités. Il part de lieux, retourne a des lieux, parle de situations, même diffuses, appartenant au monde. Ici quelque oeuvres et artistes qui parlent de lieux et d’architecture, sur des modes divers.
Le collectif LUZ INTERRUPTUS
le site : http://www.luzinterruptus.com/
Collectif espagnol qui sévit particulièrement à Madrid, oscille entre la contestation et la poésie. Ils travaillent en général avec une revendication, un lieu, la nuit, et des lumières.
“Le vent nous amène la crise” est une installation en 2008 sur les marches du Palais ( bourse ) à Madrid : 80 doubles pages tirées de quotidiens du monde entier, rubrique “économie” et enveloppant une petite lumière blanche parsèment les marches.
“Safe pedalling” part de la remarque que Madrid est une ville où il n’est pas possible de circuler à vélo en sécurité. Qu’à cela ne tienne, le collectif armé de lumières flash pour vélo attend que certains axes principaux ne soient plus fréquenté par les voitures pour tracer une série de pistes cyclables délimités par des centaines de petites lumières rouges clignotantes.
La police est partout ? “Tant de police et si peu de gens” est une intervention sur une place de Madrid : à la tombé de la nuit, tout les capots de voitures se retrouve affublés d’un gobelet bleu clignotant.
Plus effrayant, et impressionnant, une installation pour le festival Dockville à Hambourg à propos de Fukushima “Radioactive control” se vit à la tombée de la nuit.
Dans un champs, une centaine de combinaisons anti-radiations dressées telles une armée de zombies marchant droit sur toi. L’obscurité tombant, ces mannequins se revèlent être luminescent, tels des travailleurs infectés.
Réaction par rapport à la paranoïa ambiante depuis l’accident de Fukushima, mais aussi par rapport à l’utilisation du nucléaire, et de ces effets sur la santé et l’environnement.
En écho à l’artiste Slinkachu et son livre “Little People”, “préservation de la faune et de la flore" est une série de petites interventions visant à protéger les quelques rares plantes qui osent pousser entre deux dalles dans la ville de Madrid qui en plus d’être dépourvue de pistes cyclables serait dépourvue d’espaces vert.
Chaque petite plante est recouverte d’une petite serre illuminées et à ses pieds quelques petits animaux en plastique pour lui tenir compagnie.
Plattenbau privat
Suzanne Hopf et Natalja Meier
60 intérieurs de “plattenbau”, habitation préfabriquées en béton typiques de l’Allemangne de l’est d’après guerre. Au delà du fait d’être une réponse au manque de logement à bas prix, le plattenbau est une forme de discours idéologique réifié : un appartement deux chambres, sur le même modèle, dupliqué par milliers. L’individualiste y verra avec horreur d’une réduction de l’homme à l’état de fonction. Mais “Plattenbau privat” nous parle d’autre chose : chacun des salons des 60 appartements, photographié depuis deux points de vue, nous montre la capacité de chacun de faire sienne les contraintes de son temps. La méthode employée est proches des photographies distanciées de Bern et Hilla Becher, les occupants, hors champ, nous laissent scruter les détails les pièces aux dimensions modestes. Du fauteuil en cuir avec napperon au zen ikéa, le spectre de la middle class est bien là au complet.
Anarchitecture : Gordon Matta-Clark
Gordon Matta-Clark (1943-1978) est à Paris, lorsqu’éclate mai 68. Il a 25 ans et est fortement impressionné par le climat de la Sorbonne. Il découvre le déconstructivisme et le situationnisme, qui vont influencer sa production.
Les années 70’ il marque l’histoire avec ses Building Cuts, des coupes dans des bâtiments abandonnés, dont le Splitting, 1974 et le fameux Conical Intersect en 1975, en face du futur musée Beaubourg.
Sa connaissance de l’architecture lui permet de prendre des risques calculés lorsqu’il coupe des structures de bâtiments, mais c’est surtout un plaisir premier à découper, casser, mettre en pièce l’architecture comme stabilité de la société qui l’intéresse, avec la poétique qui émerge de la fragilisation de structure parfois gigantesque. L’anarchitecture, comme il nomme son action.
Matta Clark ouvrira, notons-le, un restaurant, “food”, géré par des artistes, avec l’ambition de faire de chaque repas une sorte de happening, d’art total. Les os fourrés à la viande ont été un de ses repas.
Space invaders, 1978 & 2008
Quoi de moins lié à notre thématique que le jeu “space invaders” ? Pourtant, replacé dans le Japon des années 70’, écrasé par la présence américaine, cette invasion d’aliens nombreux rangés en ligne, détruisant les remparts protègeant momentanément le joueur promis à une défaite certaine, ce jeu résonne de manière poignante.
Space Invaders est le premier gros hit du jeu vidéo. 100 000 bornes d’arcade au Japon. Pénurie des pièces de monnaie. Salles de jeu remplies des mêmes bornes côte-à-côte. 500 000 millions de dollars de recette.
A l’occasion d’un événement fêtant les 30 ans du jeu, à Liepzig, Douglas Edric Stanley, professeur à l’école d’Aix en Provence, a réalisé une version de Space invaders. Dans cette version revisitée, le joueur défend les 2 tours du world trade center en agitant les bras pour tuer les aliens. Soudain l’impossibilité de gagner face à l’envahisseur, qui est la base de ce jeu, est rendue palpable pour les joueurs. Défendre les tours contre un étranger impossible à vaincre, surgissant du néant par vagues infatiguables, c’en était trop pour les critiques et visiteurs distraits. Le web et la presse se sont enflammés contre la pièce, qui a été enlevée de l’exposition après 3 jours par un Stanley Douglas dégouté par la platitude et la bétise de ses interlocuteurs.